De Kalaw al llac Inle

Nous prenons le bus tôt le matin depuis Bagan et arrivons vers 15h30 à Kalaw. Une fois nos affaires posées à l’hôtel, j’appelle Yan, le best guide de Dimitri et Nasta en 2015. Nous le rencontrons vers 16h et effectivement, il est super sympa, avenant et enthousiaste. Nous nous présentons, parlons de son aventure de 2015 et apprenons que, depuis, il travaille toujours comme guide free-lance, mais aussi avec une agence. Il a déjà un groupe de 3 personnes prévu avec l’agence le lendemain, pour 3 jours de trek.

On décide de partir avec lui et le groupe annoncé, malgré le fait que l’agence soit 50% plus chère que toutes ses concurrentes (semble-t-il parce que le chemin est différent et la nourriture cuisinée par un vrai chef). On achète encore une lampe frontale (le top de la merdouille made in China), qui nous avait cruellement manqué à Hsipaw, et préparons nos affaires pour le lendemain.

Départ donc de bonne heure avec 2 Autrichiens et une Suissesse (Will et Emie tentent la concurrence moins chère), à travers les collines qui entourent Kalaw. Yan est toujours aussi sympa et on discute tranquillement en marchant, nous expliquant les différentes cultures rencontrées au fil du chemin.

Les rizières avec de l’ail, des oignons, des choux, etc. (saison sèche)

Après une halte près d’un barrage construit par les Anglais, on suit les rivages de plusieurs retenues d’eau, dans la forêt.

Les rivages sont parfois humides…

A midi, on s’arrête sur le sommet de la première colline et mangeons une soupe de nouilles assez bonne. Une fois repus, nous découvrons comment ils cuisent le curcuma avant de le sécher, car il se vend plus cher en poudre que frais.

Le four à curcuma

Nous redescendons ensuite quelque peu et longeons la ligne de chemin de fer, ou plus concrètement, marchons dessus. Nous passons 2 jolis tunnels du début du XXème puis, après une pause à la gare où nous goûtons divers gâteaux, reprenons de la hauteur pour rejoindre le village où nous passerons la nuit.

Le tunnel ferroviaire, peu usité heureusement (un léger quelque chose de Bip-Bip & Coyote)

Nous sommes accueillis dans une famille qui a construit une maison exprès pour nous. Le village semble d’ailleurs dédié à l’hébergement de touristes. Après souper, je discute avec Yan de l’impact du tourisme au Myanmar et il m’explique les progrès réjouissants du nouveau gouvernement en matière d’éducation notamment, tout en goûtant au cigare local…

Yan et le petit de la famille, qui s’intéresse déjà à la moto

Le lendemain, nous traversons des paysages plus arides, à travers champs, et la chaleur est au rendez-vous. Nous visitons une famille où la mamie-tisserande confectionne des sacs dans une position ahurissante.

Une tisserande bien âgée

Le repas de midi est cette fois similaire à celui que nous avions eu à Hsipaw, assis à même le sol autour d’une table.

Quelques explications potagères le long du chemin…

Le soir, nous sommes accueillis à nouveau dans une famille, et constatons qu’en fait ce ne sont pas eux qui cuisinent pour nous, mais qu’un cuisinier de l’agence nous suit en moto (le fameux chef, pas si fameux d’ailleurs…).

Le dernier jour, nous descendons gentiment pour rejoindre les rives du lac Inle. La terre y est incroyablement rouge.

La descente au lac Inle

Une fois en bas, nous dînons et rejoignons l’embarcadère, car le dernier bout se fait en bateau. Nous prenons aussi congé de Yan, car il repart pour Kalaw avec notre cuisinier. Petit moment d’adieu mitigé entre l’extraordinaire guide que nous avons eu et les paysages magnifiques d’un côté, et un petit regret quant à la cuisine, l’authenticité inexistante de la région et le prix surfait de l’agence de l’autre.

L’adieu d’un chouette groupe

Finalement nous quittons la rive et traversons d’abord les jardins flottants (ou champs flottants plutôt), une immense étendue de cultures sur le lac, puis le lac lui-même jusqu’à Nyuangshwe.

Les canaux au milieu des jardins flottants

Les pêcheurs du lac, à la pagaie habile

Hsipaw

Nous prenons le bus à 14 heures en direction de l’est. Nous prenons gentiment de l’altitude le long d’une route assez belle, séparée en 2 selon la direction du trafic et plantée de part et d’autre. Une fois passé Pyin Oo Lwin, nous suivons une route plus escarpée et passons 2 heures pour traverser perpendiculairement une vallée sur une route sortie du Salaire de la peur, car d’immenses camions transportant charbon ou pierre tentent de prendre les épingles à cheveux (et ils y parviennent)!

Nous arrivons en début de soirée et prenons nos quartiers dans une guesthouse, offrant à la fois hébergement et guides pour le trek, avec 2 Français rencontrés dans le bus. Nous réservons un guide pour le lendemain matin, pour 2 jours de randonnée.

De bon matin, nous partons avec Win (notre guide), Emie et Will (nos 2 Français du bus) et Michael (un Britannique). Nous arpentons les montagnes alentours à travers champs, forêts ou plantations de thé. Nous nous arrêtons toutes les 1h30 chez des locaux, dont nous ne savons s’ils nous attendent ou pas, avec lesquels nous partageons le thé, quelques spécialités locales ou le Rice whisky (sake maison qui remonte les chaussettes). Win nous indique à chaque fois les mots à utiliser, car chaque ethnie parle sa langue.

Le travail au champs

Le tracteur birman

A midi, nous sommes reçus comme des rois par une famille de villageois. Un repas excellent, si ce n’est que nous découvrons la coutume nationale selon laquelle l’hôte ne mange jamais avec son invité, mais seulement après lui.

Petite hésitation entre mes mains et la caméra de Neus…

Le repas de midi

Le soir, après une belle montée, nous arrivons au “sommet” dans un petit village où nous serons logés et nourris par une famille. Nous profitons du coucher du soleil sur leur “terrasse”, alors que notre hôte nous sert du thé et viens coller sa face sur ma joue et renifle ma barbe. Il en fera de même avec Will. Il est drôle, très accueillant et peut-être aussi un peu bourré…

La terrasse à notre arrivée, avec encore quelques rougeurs de l’effort

Notre hôte et Neus à la lueur du feu

Nous dormons dans un dortoir très bien aménagé (moustiquaires, sorte de paravents qu’ils placent de sorte à donner un peu d’intimité à leurs invités) qu’ils ont construit sur pilotis. Du coup, lorsqu’on bouge ou se lève pour aller aux toilettes, ça tangue un peu…

Le lendemain matin, départ pour le retour dans la vallée. Cette fois-ci le chemin passe uniquement à travers les champs de maïs (déjà récoltés et taillés) et aucune forme d’ombre ne nous abrite de l’insolation…

Une petite pause rafraîchissante

Une pause chez des habitants au retour (il fait un peu sec et tiède)

Après presque 5 heures de marche, nous sommes récompensés par une petite plantation de bananiers et une cascade qui forme une douche naturelle.

C’est rafraîchissant!

Nous dînons finalement vers 15 heures et finissons le trajet en tuk-tuk. De retour à l’hôtel, nous réservons in-extremis un billet pour le bus de nuit à destination de Bagan, trajet que nous partagerons avec Will et Emie, avec qui on s’est bien entendu*. On nous prévient toutefois: c’est un bus local, et il y a beaucoup de plaintes de touristes l’ayant pris… Mais on verra bien!

*voir leur blog ici.

Pai i Soppong

Nous louons un scooter un peu plus confortable et puissant cette fois-ci, car notre virée nous portera à 170km au nord de Chiang Mai. Après être sortis du trafic urbain, nous suivons d’abord une route principale à 3 voies (une autoroute avec des tuk-tuks, des piétons qui traversent, etc.) durant 1 heure. On s’engage ensuite sur une route secondaire (l’équivalent de nos routes nationales dans les Alpes ou le Jura) qui sillonne à travers la forêt et prend de l’altitude (on perd aussi quelques degrés…). Je commence même a aimé la moto…

Partis un peu tard de Chiang Mai, nous sommes contraints de faire le trajet en un trait, afin d’arriver le soir à Soppong. Nous faisons une halte au col entre Pai et Soppong car un coucher de soleil comme jamais s’offre à nous en arrivant au sommet.

On en a donc plein les yeux (du vent et de la poussière aussi) et arrivons quelque peu fatigués. Mais nous sommes récompensés par une auberge incroyable, petit bungalow simple dans une sorte de jungle touffue. On laisse par contre la découverte du paysage pour le lendemain, car nous arrivons de nuit.

Le lendemain, visite d’un village Black Lahu (l’une des nombreuses ethnies du coin) et d’une grotte juste à côté (ou plutôt rivière souterraine).

Ban Jabo, plateforme sur le paysage alentour

Ban Jabo, cadres de fenêtres minimalistes mais efficaces

On marche 2km dans l’eau trouble jusqu’au nombril, en suivant scrupuleusement le guide qui nous a équipé de frontales. Bien qu’il y ait peu de choses extraordinaires, la sensation d’être si peu de chose dans cette obscurité absolue est étrange. Et pourtant nous observons chauves-souris bien sûr, mais aussi crevettes et cafards…

Grotte de Mae Lanna, à la lueur de nos frontales (l’ombre en bas à droite, c’est moi et le guide)

Nous faisons une pause durant la période la plus chaude de la journée dans notre hôtel, plus précisément sur la terrasse qui surplombe la rivière et équipée de transats… le pied! On visite en fin d’après-midi quelques villages Lisu (une autre ethnie, issue de Chine) qui fêtent le nouvel-an chinois en pétards.

La terrasse du Soppong River Inn

Le lendemain, départ de Soppong pour Pai, avec arrêt sur la route à une cascade (on a failli se vautrer avec le scooter en repartant, tellement c’était raide). Puis dans une source d’eau chaude à proximité, dans laquelle les locaux se baignent tout habillés. L’endroit est simple et enchanteur, on y reste le temps que le bouillon soit prêt…

La source d’eau chaude de Sai Ngam

Finalement on arrive à Pai et visitons le White Bouddha.

Les escaliers qui mènent au White Bouddha

Après avoir trouvé de quoi nous loger pour la nuit, nous rendons pour le coucher du soleil au Pai Canyon, une formation rocheuse improbable alternant de grandes lames de roche avec des sillons de sable plusieurs dizaines de mètres plus bas. Ayant déjà apprécié le coucher de soleil au col, on s’aventure entre crêtes et sillons et traversons la formation rocheuse. Ne voulant pas revenir sur nos pas, on tente de rejoindre le chemin principal à travers champs: sans trop savoir s’il est vraiment cultivé ou non, je reconnais l’odeur du chanvre et me dis que nous ne sommes peu être pas tout à fait au bon endroit. En y regardant de plus près, il s’agit pourtant d’une espèce de menthe, rien à voir avec la marijuana, et pourtant l’odeur est tellement proche…

Pai Canyon

On dort à Pai, visitons le Bamboo Bridge au matin et retournons d’une traite à Chiang Mai, tentons d’y visiter un temple dans les hauteurs, mais il y a tellement de monde que nous y renonçons.

Khon Kaen i Phu Kradung

Nous décidons de faire 2-3 jours séparément, puisque Neus doit rester quelque temps tranquille pour soigner sa cheville. Je pars donc seul à Phu Kradung, alors qu’elle reste dans un hôtel chouette de Khon Kaen (voir la version en Catalan pour son récit).

Phu Kradung

Ce parc national consiste en une montagne conique d’une dizaine de kilomètres de diamètre, tronquée à 1’200m d’altitude (un gros flan). On y accède par le village de base, en empruntant un chemin de 5.5km pour 1’000m de dénivelé à 25°C… Ça m’a pris 2h30, suivi d’une promenade sur le plateau supérieur de 7.5km à plat. J’en suis assez fier quand même! 😉

Plus concrètement, c’est un parcours passant de la forêt sèche persistante à la pinède au sommet, en passant par d’exubérantes touffes de bambous.

Les bambous flamboyants à la montée

Et c’est aussi une autoroute à porteurs, car il n’y a pas d’accès motorisé au sommet et il faut bien ravitailler le camping et surtout porter les bagages des vacanciers… Ces machines montent 80kg, ils sont impressionnants.

C’est flou, mais on comprend…

Au sommet, un gigantesque camping industriel, sans charme. Et c’est un peu déconcertant de voir les Thaïs faire de gros efforts de communication pour la gestion des déchets dans le parc, alors que tous les stands de bouffe emballent tout dans du plastique, souvent à double. Et toutes les eaux usées sont balancées dans le cours d’eau, et comme on est au sommet du parc, ça garanti la pollution de l’ensemble des sources d’eau pour la vie sauvage. Autant dire qu’il y a du boulot en matière de prise de conscience… En même temps c’est joli, les cascades font bain-mousse!

Le lendemain, petit tour desdites cascades et retour en plaine. La descente, par contre, je la sens un peu plus…

Proche de la cascade de Pen Pob Mai (c’est la saison sèche…)

Pak Chong i Khao Yai

Comme on a beaucoup aimé la tranquillité de Ko Kut, on décide de dévier un peu notre itinéraire dans le Nord-Est de la Thaïlande, région moins touristique et connue pour ses parcs nationaux. Khao Yai est proche d’Ayutthaya et constitue notre première expérience de randonnée thaïe.

On prend donc le train pour Pak Chong, ville la plus proche de l’entrée du parc, et rencontrons 2 Australiennes très sympas à la gare, toutes aussi paumées que nous pour ce qui est de se rendre au parc. On finit, après quelques hésitations et demandes de renseignements, par prendre un songthaew, sorte de taxi collectif XXL.

Arrivés au camping du parc après une heure de route, on loue le matos et nous installons (merci Dim et Jo pour les vacances en Sardaigne, quelques bons souvenirs qui reviennent!). Il nous reste l’après-midi et nous partons à travers la forêt voir une cascade.

Khao Yai, cascade de Haew Suwat

Soirée au camping, avec les Australiennes et un Français rencontré l’après-midi. On apprend que l’auto-stop est de mise à l’intérieur du parc et qu’un bus relie l’entrée du parc à Pak Chong pour 10 fois moins cher que notre songthaew.

Le lendemain, on marche dans le parc, entre les singes, les tortues, les serpents et, dans le lointain, le cri d’un éléphant sauvage. On rencontre d’ailleurs une Française, membre d’une ONG qui a développé un logiciel de reconnaissance faciale pour éléphants, histoire de pouvoir les pister sans leur mettre un émetteur.

Khao Yai, trail #5

Khao Yai, tour d’observation

Le retour du parc fut par contre plus épique… On réussit facilement à obtenir un auto-stop à l’arrière d’un pick-up pour… Pak Chong directement, quelle aubaine!

La coupe pick-up à 100km/h

Sauf qu’à l’arrivée dans les bouchons de la ville, notre conductrice décide qu’elle préfère rentrer chez elle, sans rien nous dire. Heureusement que Maps.me nous permet de savoir où nous sommes et de demander à descendre, sinon nous aurions fini à 80km de notre destination… Elle nous dépose donc au bord de l’autoroute, du mauvais côté pour notre destination. On marche donc vers la passerelle la plus proche, Neus se foule légèrement la cheville et nous faisons à nouveau du pouce. En 20 minutes on est à la gare, et nos nouveaux transporteurs nous offre même deux épis de maïs.

Le soir la douleur de la cheville de Neus se réveille et nous décidons de tenter tout de même de rejoindre Khon Kaen le lendemain matin, car notre hôtel est tout pourri. Ce dernier est par contre juste à côté de la gare et Neus y traîne sa patte tant bien que mal.