
Kengtung
L’extrême est du Myanmar, qui fait partie du triangle d’or, est isolé du reste du pays en raison des violences encore en cours le long de la route NH4 qui sépare Nyang Shwe et Kengtung (surtout le racket, y compris des locaux). Le seul moyen donc de relier les 2 villes se fait par l’air, la route étant interdite aux étrangers. Nous prenons donc un petit avion pour 45 minutes de vol.
Nous arrivons dans cette ville provinciale en début d’après-midi, trouvons un hôtel et mangeons dans un petit bouiboui dont on ne savait pas, à premier abord, s’il s’agissait d’un repas en famille ou d’un restaurant public. Nous faisons usage du langage des signes pour nous comprendre et dégustons un repas excellent (une sorte salade avec de la pâte de riz et de la viande). Nous arrangeons ensuite un rendez-vous avec un guide local, Eric, pour convenir d’une randonnée d’un jour le lendemain.
Nous faisons ensuite un premier tour d’horizon. La ville est extrêmement paisible et il est très agréable de retrouver un peu d’authenticité, avec des gens qui vaquent à leurs occupations sans trop se soucier de notre présence.
Nous comprenons bien les recommandations de Sandra et en profitons pleinement (merci donc!). Je profite de voir un barbier pour me refaire la barbe, bien que le résultat soit davantage du débroussaillage que du rasage… Nous prenons ensuite un café glacé avant de continuer la visite. La ville est étonnement agréable à parcourir à pied, avec même des locaux qui font leur jogging autour d’un petit lac artificiel, entouré de stands de bouffe appétissants.
Le lendemain, départ vers 8h30 pour Hokyin, un village Akha dont Eric est originaire. Après une heure de tuk-tuk, on grimpe à pied le versant qui monte aux villages de son ethnie. Bien que la marche ne soit que moyennement intéressante, les rencontres sont par contre incroyables.
Nous sommes reçu dans sa famille, ses tantes et amis d’enfance, on y partage le thé, y goûte le sacro-saint rice whisky et Eric nous sert d’interprète.

Eric nous a fait acheter des savons, semble-t-il bien rare dans les hauteurs, comme présent à offrir en échange du thé…
On doit admettre qu’après la troisième visite, on commence gentiment à être bourrés… car le whisky est une marque d’attention de l’hôte à son invité et il serait très mal vu de ne pas engloutir le verre avec plaisir dans un premier temps, puis avec respect quand ça devient plus difficile.
Nous découvrons aussi tout l’artisanat (pour ne pas dire l’industrie) qui sert à produire ledit whisky, car tout bon villageois distille son cru. Ici on sèche le riz, ici on le fait macérer, ici on le distille… Il y a aussi toutes les déclinaisons, aux herbes, avec du maïs, etc.
Finalement nous mangeons vers 13h chez l’un des oncles d’Eric. Un repas simple, mais excellent, tel qu’ils en mangent, cette fois-ci en compagnie d’Eric et de notre hôte. Un vrai moment de plaisir! … qui se termine comme il se doit par du whisky.
Autant dire que la descente est plus sinueuse que la montée. Mais bien qu’on ait très peu marché, on a passé une excellente journée (je m’y risque: la meilleure de tout le Myanmar!). Retour ensuite en tuk-tuk à Kengtung, Neus renonçant au souper car encore trop bourrée.
Nous préférons finalement prendre le bus le lendemain pour la frontière et la Thaïlande, en restant sur une excellente note, plutôt que de poursuivre la visite avec Eric, qui ne peut être que moins bien puisque pas dans sa famille.

Hsipaw
Nous prenons le bus à 14 heures en direction de l’est. Nous prenons gentiment de l’altitude le long d’une route assez belle, séparée en 2 selon la direction du trafic et plantée de part et d’autre. Une fois passé Pyin Oo Lwin, nous suivons une route plus escarpée et passons 2 heures pour traverser perpendiculairement une vallée sur une route sortie du Salaire de la peur, car d’immenses camions transportant charbon ou pierre tentent de prendre les épingles à cheveux (et ils y parviennent)!
Nous arrivons en début de soirée et prenons nos quartiers dans une guesthouse, offrant à la fois hébergement et guides pour le trek, avec 2 Français rencontrés dans le bus. Nous réservons un guide pour le lendemain matin, pour 2 jours de randonnée.
De bon matin, nous partons avec Win (notre guide), Emie et Will (nos 2 Français du bus) et Michael (un Britannique). Nous arpentons les montagnes alentours à travers champs, forêts ou plantations de thé. Nous nous arrêtons toutes les 1h30 chez des locaux, dont nous ne savons s’ils nous attendent ou pas, avec lesquels nous partageons le thé, quelques spécialités locales ou le Rice whisky (sake maison qui remonte les chaussettes). Win nous indique à chaque fois les mots à utiliser, car chaque ethnie parle sa langue.
A midi, nous sommes reçus comme des rois par une famille de villageois. Un repas excellent, si ce n’est que nous découvrons la coutume nationale selon laquelle l’hôte ne mange jamais avec son invité, mais seulement après lui.
Le soir, après une belle montée, nous arrivons au « sommet » dans un petit village où nous serons logés et nourris par une famille. Nous profitons du coucher du soleil sur leur « terrasse », alors que notre hôte nous sert du thé et viens coller sa face sur ma joue et renifle ma barbe. Il en fera de même avec Will. Il est drôle, très accueillant et peut-être aussi un peu bourré…
Nous dormons dans un dortoir très bien aménagé (moustiquaires, sorte de paravents qu’ils placent de sorte à donner un peu d’intimité à leurs invités) qu’ils ont construit sur pilotis. Du coup, lorsqu’on bouge ou se lève pour aller aux toilettes, ça tangue un peu…
Le lendemain matin, départ pour le retour dans la vallée. Cette fois-ci le chemin passe uniquement à travers les champs de maïs (déjà récoltés et taillés) et aucune forme d’ombre ne nous abrite de l’insolation…
Après presque 5 heures de marche, nous sommes récompensés par une petite plantation de bananiers et une cascade qui forme une douche naturelle.
Nous dînons finalement vers 15 heures et finissons le trajet en tuk-tuk. De retour à l’hôtel, nous réservons in-extremis un billet pour le bus de nuit à destination de Bagan, trajet que nous partagerons avec Will et Emie, avec qui on s’est bien entendu*. On nous prévient toutefois: c’est un bus local, et il y a beaucoup de plaintes de touristes l’ayant pris… Mais on verra bien!
*voir leur blog ici.

Hpa-an
Bien reposés après le rocher d’or, nous allons acheter notre billet de bus pour Hpa-an, une petite ville au milieu des montagnes karstiques et des rizières. Billets en poche, on demande le quel des 2 bus devant la petite échoppe nous devons prendre. On sent le regard de la vendeuse glisser par-dessus les 2 bus pour s’arrêter sur… un petit véhicule genre fourgonnette avec deux banquettes à l’arrière. On se dit qu’à ce prix-là, on aurait mériter l’un des grands bus, mais bon, on a surtout envie d’aller à Hpa-an.
On embarque donc, puis, quand on est plein, on nous demande de nous serrer pour rajouter 3 personnes… Il n’y a que des locaux et on commence à trouver ça vraiment marrant! Après une demi-heure de route, on s’arrête dans un village ou l’on nous demande de descendre avec nos bagages pour rembarquer à bord d’un véhicule similaire, le tout sous l’indication « no money, no money, ok », car ils s’arrangent entre eux pour payer la suite du voyage. On répétera l’opération une fois et arrivons finalement à Hpa-an vers 14h.
On tente l’hôtel recommandé par notre guide, complet, puis celui le plus proche, qui s’avère très bien (simple, mais bon marché). On sort manger, rentrons nous doucher et rencontrons un Français avec qui nous parlons bien une heure des bons plans du coin et de la Thaïlande qu’il visitera ensuite. Nous ne ressortons finalement que pour visiter la pagode de la ville au bord du fleuve au coucher du soleil et pour un petit tour du marché de nuit.
Le lendemain, nous louons un scooter pour visiter les grottes de la région, dont certaines sont impressionnantes! Elles sont remplies de bouddhas, de stupas et autres constructions religieuses, mais elles sont aussi pour la plupart carrelées… ce sont donc de grandes salles de bain rituelles sous d’immenses voûtes de roche décorées de milliers de micro bouddhas.
Nous visitons également un monastère au milieu d’un lac asséché, juchée sur un rocher à la statique improbable.
Après le repas de midi, on rentre à l’hôtel pour éviter les heures les plus chaudes et pour prendre nos maillots de bain, puis visite des grottes de Kaw Ka Thawng, escalade de l’éperon rocheux qui les surplombe et petite baignade dans une « piscine » locale où les ados s’ébrouent. Notre présence a tout de même un certain succès…
En fin de journée, dernière grotte, la plus grande, au milieu des rizières durant le coucher du soleil.
Le retour en scooter de nuit est par contre un peu plus scabreux, car les lunettes de soleil, nécessaires pour ne pas se prendre les insectes à 60km/h dans la rétine, sont bien sombres… Mais nous arrivons vivants!
Le lendemain matin, Neus souffre d’une légère indigestion car le curry est bien épicé et nous renonçons à gravir le mont Hpan Pu voisin avant de prendre un bateau pour Mawlamyine.

Chiang Mai
Nous prenons un bus entre Sukhotai et Chiang Mai. Arrivant en fin d’après-midi, nous profitons pour faire un premier tour de ville qui s’avère… très décevant! Ayant entendu parler et ayant lu les louanges de tranquillité et d’authenticité de la « capitale » du nord, il s’avère que la ville ressemble plus à un conglomérat de bars et restaurants se targuant d’American Breakfast & Thai Food le long de rues saturées en tout (piétons, véhicules, rabatteurs, etc.)… Les thaïs semblent vivre ailleurs, car aucune enseigne ne répond à autre chose qu’aux « routards ».
Mais il faut souligner toutefois un point: Chiang Mai est probablement la capitale du design et de l’architecture contemporaine en Thaïlande. Tous les bars, restos, hôtels, etc. affichent une certaine recherche en matière esthétique et certaines réalisations sont même assez réussies.
Nous partons le lendemain matin pour une virée moto dans le nord, en direction de Pai et Soppong.
A notre retour 3 jours plus tard, nous rendons la moto et allons souper dans un endroit qui, enfin, évoque les qualités promises de la ville. Un restaurant avec une sorte de terrasse dans laquelle s’écoule un petit ruisseau (artificiel, il ne faut pas exagérer) et proposant des plats typiques mais bien cuisinés. Un bon moment à siroter une bière dans la fraîcheur relative de la nuit tombante. Et nous découvrons petit à petit les petites ruelles qui relient les grands axes, quasi sans trafic et parfois décorées par des touristes improvisés peintres. Nous nous réconcilions donc avec Chiang Mai…
Et puis un peu moins drôle sur le chemin du retour à l’hôtel, un bruit strident, un crissement de pneu puis le triple salto latéral d’une touriste qui vient de se prendre un scooter un peu rapide qu’elle n’a pas vu venir. Rapidement les gens accourent autour des 2 protagonistes, qui se lèvent rapidement, mais elle semble souffrir des jambes. Nous décidons de partir car très rapidement trop de gens s’en mêlent et nous ne sommes d’aucune utilité. Finalement, heureusement que nous avons vu ça après notre virée, car je n’aurais probablement pas été aussi à l’aise pour conduire après avoir vu ça!
Le lendemain, direction les champs: nous nous sommes inscrits à un cours de cuisine thaïe qui a lieu dans une ferme des environs. Nous nous retrouvons à 8 dans ce qui est davantage un équipement de cuisine avec jardin qu’une véritable ferme, mais le lieu est charmant et nous passons la journée à couper, piler, assaisonner, cuire, rouler, frire, dresser et surtout… manger! Autant dire que nous rentrons le vendre plus que tendu!
- La ferme du cours de cuisine
- Les ingrédients des curry
- Le pilon avec le curry jaune
- L’équipe aux fourneaux
- La soupe au curry jaune
- Les rouleaux de printemps
- Le poulet grillé au noix de cajou
- Le sticky rice with mango
En fin de journée, on se met de corvée lessive et renonçons même à souper, faute d’appétit.

Pai et Soppong
Nous louons un scooter un peu plus confortable et puissant cette fois-ci, car notre virée nous portera à 170km au nord de Chiang Mai. Après être sortis du trafic urbain, nous suivons d’abord une route principale à 3 voies (une autoroute avec des tuk-tuks, des piétons qui traversent, etc.) durant 1 heure. On s’engage ensuite sur une route secondaire (l’équivalent de nos routes nationales dans les Alpes ou le Jura) qui sillonne à travers la forêt et prend de l’altitude (on perd aussi quelques degrés…). Je commence même a aimé la moto…
Partis un peu tard de Chiang Mai, nous sommes contraints de faire le trajet en un trait, afin d’arriver le soir à Soppong. Nous faisons une halte au col entre Pai et Soppong car un coucher de soleil comme jamais s’offre à nous en arrivant au sommet.
On en a donc plein les yeux (du vent et de la poussière aussi) et arrivons quelque peu fatigués. Mais nous sommes récompensés par une auberge incroyable, petit bungalow simple dans une sorte de jungle touffue. On laisse par contre la découverte du paysage pour le lendemain, car nous arrivons de nuit.
Le lendemain, visite d’un village Black Lahu (l’une des nombreuses ethnies du coin) et d’une grotte juste à côté (ou plutôt rivière souterraine).
On marche 2km dans l’eau trouble jusqu’au nombril, en suivant scrupuleusement le guide qui nous a équipé de frontales. Bien qu’il y ait peu de choses extraordinaires, la sensation d’être si peu de chose dans cette obscurité absolue est étrange. Et pourtant nous observons chauves-souris bien sûr, mais aussi crevettes et cafards…
Nous faisons une pause durant la période la plus chaude de la journée dans notre hôtel, plus précisément sur la terrasse qui surplombe la rivière et équipée de transats… le pied! On visite en fin d’après-midi quelques villages Lisu (une autre ethnie, issue de Chine) qui fêtent le nouvel-an chinois en pétards.
Le lendemain, départ de Soppong pour Pai, avec arrêt sur la route à une cascade (on a failli se vautrer avec le scooter en repartant, tellement c’était raide). Puis dans une source d’eau chaude à proximité, dans laquelle les locaux se baignent tout habillés. L’endroit est simple et enchanteur, on y reste le temps que le bouillon soit prêt…
Finalement on arrive à Pai et visitons le White Bouddha.
Après avoir trouvé de quoi nous loger pour la nuit, nous rendons pour le coucher du soleil au Pai Canyon, une formation rocheuse improbable alternant de grandes lames de roche avec des sillons de sable plusieurs dizaines de mètres plus bas. Ayant déjà apprécié le coucher de soleil au col, on s’aventure entre crêtes et sillons et traversons la formation rocheuse. Ne voulant pas revenir sur nos pas, on tente de rejoindre le chemin principal à travers champs: sans trop savoir s’il est vraiment cultivé ou non, je reconnais l’odeur du chanvre et me dis que nous ne sommes peu être pas tout à fait au bon endroit. En y regardant de plus près, il s’agit pourtant d’une espèce de menthe, rien à voir avec la marijuana, et pourtant l’odeur est tellement proche…
On dort à Pai, visitons le Bamboo Bridge au matin et retournons d’une traite à Chiang Mai, tentons d’y visiter un temple dans les hauteurs, mais il y a tellement de monde que nous y renonçons.